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Film Henri Dutilleux: Ainsi la Nuit

Quatuor Rosamonde

"It is one of the finest films relating to music that I ever saw. The visual quality, the editing, but also particularly the warmth of your relation with Dutilleux and the completeness of your performance are proud achievements. What a splendid work! Warmest congratulations. "
Alfred Brendel - Novembre 2021

Une réalisation de Vincent BATAILLON

« Avec Henri Dutilleux et le Quatuor Rosamonde, nous tenons une chance unique. Celle de pouvoir témoigner d'une collaboration féconde de plus de vingt années entre un compositeur et ses interprètes, autour du quatuor à cordes écrit par Henri Dutilleux.

C'est de cette relation unique que je me propose de rendre compte dans ce film. Et au travers de cette relation, de ces échanges entre interprètes et compositeur, au travers de la musique qui se déplie sous nos yeux et nos oreilles, d'accéder à ce quatuor de Dutilleux, si célèbre pour les musiciens, mais difficile d'accès pour nous au premier abord. »

La critique du film par le journal Le Monde, édition datée du 03/11/2011

C'est donc ainsi qu'Henri Dutilleux vit et compose

Assis sur un banc au bord de l'eau, un compositeur âgé se fond dans la nature en écoutant des chants d'oiseaux. Détrompez-vous : il ne s'agit pas d'Olivier Messiaen (1908-1992), mais d'Henri Dutilleux, le même qui avait jadis reproché amicalement au "rythmicien-ornithologue" d'avoir "annexé" la gent ailée pour les besoins de sa musique... La scène se déroule face au confluent de la Vienne et de la Loire, dans le village de Candes-Saint-Martin (Indre-et-Loire), où Henri Dutilleux a acquis, il y a trente ans, une résidence secondaire. C'est par ces images de contemplation que s'ouvre le nouveau film consacré au compositeur - assurément le plus beau réalisé à ce jour -.

Né à Angers, en 1916, mais formé à Douai, d'où ses parents sont originaires, le compositeur contemporain français actuellement le plus joué au monde aime à justifier la dualité de son tempérament par sa double appartenance aux Pays de la Loire et au Nord. Ses premières interventions dans le film éclairent cette bipolarité et en dévoilent une autre.

Si le spectacle de la rencontre des deux fleuves l'a attiré dans ce coin de Touraine, il ne saurait l'avoir sous les yeux au moment de composer. La table de graveur sur laquelle il noircit du papier à musique a donc été tournée vers la cour intérieure de la maison, qui offre au regard une succession "toujours imprévue" de murs et de toits. Plus propice à la concentration que l'imperceptible mouvement des eaux, le changement de ton de la pierre ravit le compositeur quand il lève le nez de sa partition.

 

Dans son bureau de Candes-Saint-Martin, qu'il compare à "une chambre de moine", Henri Dutilleux semble se parler à lui-même ("Il y a un peu de poussière, mais ça ne fait rien") et entrouvre avec naturel une fenêtre sur son intimité d'artiste (référence au Portrait de Dorian Gray, d'Oscar Wilde). Après une garden-party plutôt rustique où le Quatuor Rosamonde lui joue son quatuor à cordes, Ainsi la nuit, qui sert de fil rouge au film, le compositeur retrouve ses interprètes dans son studio de l'île Saint-Louis à Paris.

Gentleman-farmer

En veste anglaise ouverte sur une élégante chemise avec foulard rouge, il ressemble à un gentleman-farmer qui aurait pris un coup de vent dans une chevelure encore fournie et affiche la même élégance décontractée dans ses propos. Il explique, par exemple, comment lui est venue l'idée d'un timbre particulier : "Après un dîner, on s'amuse avec des verres de cristal..."

Tout aussi évocateurs, les commentaires des instrumentistes permettent d'entrer idéalement dans la partition, destinée en 1976 au Quatuor Juilliard de New York. La passion communicative de Xavier Gagnepain (violoncelle) et le lyrisme émerveillé d'Agnès Sulem (violon) enflamment des plans didactiques tournés devant un bon feu de bois. Remarquablement rythmé, le film de Vincent Bataillon se termine (surprise !) du côté du jazz avec un générique subtil et malicieux, à l'image du compositeur.

Henri Dutilleux : Ainsi la nuit, de Vincent Bataillon. Coll. "Opus" (58 minutes). Pierre Gervasoni

 

Réalisation : Vincent Bataillon
Parution: 2011
Production : Réunion 3/Les Films de la Lys/WEO
Images : Cécile Trelluyer
Musiques originales : Henri Dutilleux
Durée du film : 58 mn.
Type : HD 16/9ᵉ
Versions : Français/English subtitles
 
Film Dutilleux